RAPPORT PRENEZ SOIN DE VOUS

Le sondage Prenez Soin de vous avait pour objectif de dresser un portrait de l’état de la santé mentale et bien-être des travailleurs canadiens des médias. 

 Ce que nous avons découvert, c’est une industrie aux prises avec le stress professionnel et l’exposition à des traumatismes. 

L’EFFET COVID

Les professionnels des médias ont passé les deux dernières années à rendre compte des effets dévastateurs d’un virus mortel, tout en étant confrontés à leur propre peur, à l’isolement et à l’incertitude. Ils ont également eu à faire face aux critiques des tenants du mouvement anti-vaccin, qui les ont pris pour cible. Aucun professionnel des médias n’a été épargné par cet «effet Covid», mais certains en ont souffert plus que d’autres. C’est le cas notamment des femmes, des gens de moins de 50 ans, et des travailleurs asiatiques, noirs ou autochtones.

Photo gracieuseté de La Presse Canadienne

Tout cela me pèse encore plus que les entrevues que j’ai pu mener avec des personnes victimes de traumatismes. Je crois en l’importance de notre métier, et cette conviction m’a toujours soutenu. Mais quand j’ai l’impression que de plus en plus de gens perdent confiance en nous, cela me décourage.
— journaliste de CBC
 
À peu près aucun employeur n’a proposé d’EPI (équipements de protection individuelle) ou n’a évoqué clairement quel soutien il offrirait si jamais nous étions contaminés par la Covid dans le cadre du travail. J’ai perdu pratiquement tous mes contrats, parce que je remettais en question les pratiques de mes employeurs en termes de sécurité.
— photographe pigiste

L’EXPOSITION À DES TRAUMATISMES

Les professionnels des médias sont bien souvent appelés à couvrir des conflits, à être les témoins des violences de la guerre, des meurtres, des violences sexuelles, des crises humanitaires, des catastrophes naturelles, et de bien d’autres calamités. Le rythme effréné de notre travail complique l’assimilation de ces images dont nous sommes témoins dans le cadre du travail. Par ailleurs, le manque de reconnaissance et de soutien nuit à la santé mentale et au bien-être général des professionnels des médias canadiens. Notre sondage Prenez soin de vous nous a permis de mesurer les niveaux d’exposition et les conséquences concrètes associées au fait d’être le témoin de tant de souffrance humaine. 

Photo gracieuseté de La Presse Canadienne

 
 

TAUX D'ANXIÉTÉ ET DE DÉPRESSION AUTODÉCLARÉS

En raison de la nature de notre travail, nous n’avons pas le temps de ressentir les émotions normales provoquées par certaines images ou situations. Et parfois, cela nous rattrape après notre journée de travail… Il y a des choses que j’ai vues, en tant que monteur vidéo, que je ne pourrais jamais oublier ou effacer de ma mémoire.
— monteur vidéo, CBC
 

ANXIÉTÉ

DÉPRESSION

LE BIEN-ÊTRE AU TRAVAIL

De façon générale, les professionnels des médias canadiens éprouvent une grande satisfaction professionnelle. Malgré les difficultés, ils sont portés par l’importance de leur mission d’informer le public. Mais bien souvent, devant les exigences du travail, ils vont laisser de côté leur propre bien-être. Seul un quart des répondants de Prenez soin de vous ont indiqué que leur bien-être mental était satisfaisant. Les autres ont plutôt affiché des taux d’anxiété, de dépressions, de stress post-traumatique et de consommation d’alcool dépassant largement les moyennes canadiennes.

Photo gracieuseté de La Presse Canadienne

 
Mes employeurs ont beau dire qu’ils sont là pour moi, tant qu’aucun d’entre eux ne peut m’assurer un emploi stable, avec un salaire décent, c’est difficile d’être vraiment bien.
— journaliste travaillant pour plusieurs employeurs
 

DÉCLARENT TROP BOIRE

SONT DES GROS BUVEURS

CULTURE D’ENTREPRISE ET SOUTIEN

Les professionnels des médias canadiens ont brossé un portrait désastreux de la culture d’entreprise qui touche toute l’industrie. Une culture d’entreprise qui punit ceux qui refusent de couvrir certaines histoires trop bouleversantes et qui peine à offrir de la formation appropriée à ceux dont le travail est justement de témoigner d’histoires de traumatismes. 

Les répondants au sondage se sont dits profondément affectés par les mauvaises conditions de travail, le manque de commentaires constructifs, et le sentiment généralisé que les employeurs ne se soucient pas du bien-être de leurs employés. Certains ont également évoqué que le fait de prendre congé est souvent perçu comme un signe de faiblesse, ou un manque d’engagement envers son travail.

 
 
J’ai honte de me sentir épuisé, parce que je suis un jeune journaliste, mais cette industrie semble parfois insoutenable. Les nouvelles n’arrêtent jamais, et moi non plus.
— journaliste à Winnipeg
 

ONT DEMANDÉ DE L'AIDE MÉDICALE POUR LE STRESS AU TRAVAIL OU LA SANTÉ MENTALE

 

HARCÈLEMENT

Même avant les événements entourant le «convoi pour la liberté», les membres des médias étaient déjà la cible de harcèlement et de violences. Les donnée de Prenez soin de vous démontrent que plus de la moitié des professionnels des médias ont déjà été pris pour cible, particulièrement les femmes, les personnes non binaires ou trans, ou encore les personnes de couleur.

 

ONT ÉTÉ VICTIMES DE HARCÈLEMENT OU DE MENACES EN LIGNE

ONT ÉTÉ VICTIMES DE HARCÈLEMENT DANS LE CADRE DU TRAVAIL

 
Les attaques vitrioliques dirigées contre les journalistes, que ce soit en ligne ou dans la société en général, sont épuisantes. Nous ne sommes pas des mauvaises personnes, nous essayons simplement de faire notre travail, comme tout le monde!
— journaliste pigiste en Ontario

DOSSIERS SPÉCIAUX

Le rapport Prenez soin de vous s’intéresse également à :

  • la discrimination contre les professionnelles des médias marginalisés

  • consommation d'alcool et de drogues parmi les professionnels des médias

  • les enjeux touchant les journalistes pigistes, indépendants ou à statut précaire

Prenez soin de vous est un sondage sur la santé mentale, le bien-être et les traumatismes chez les professionnels des médias canadiens, produit par Matthew Pearson et Dave Seglins, avec la participation de Tracey Lindeman et Cassandra Ynez-Leyton, en partenariat avec le Forum des journalistes canadiens sur la violence et le traumatisme.

 

Mai 2022